Le concept de bonheur au travail est de plus en plus présent. Cela pose certaines questions comme le pourquoi d’un tel essor, si le bonheur peut réellement être traité en entreprise, quels moyens sont mis en place pour répondre à la demande…

  Le monde du travail et de l’entreprise tient une place importante dans la vie de chaque salarié. En effet, il y passe la majorité de son temps. C’est pourquoi on peut partir du postulat que le travail aura un impact sur le bien-être et, à plus grande échelle, sur le bonheur de l’individu. On observe ces dernières années une augmentation des risques psycho-sociaux. Pour répondre aux demandes, certaines entreprises ont mis en place un Chief Happiness Officer (CHO) qui traite la question du bien-être des salariés principalement.  

Conditions pour une bonne qualité de vie au travail

La qualité de vie au travail dépend de plusieurs facteurs pouvant être regroupés en trois catégories : les conditions de travail, la capacité d’agir et à s’exprimer et le contenu du travail à proprement parler (autonomie au travail…). L’épanouissement de l’individu est corrélé à un « équilibre parfait » entre vie professionnelle et vie privée. La séparation entre les deux est primordiale, c’est pourquoi, les employés réclament un droit à la déconnexion. De plus, la notion de Flow, le fait d’être entièrement et consciemment dans une activité au point de ne pas voir le temps passé, notion presque transcendante de Csikszentmihaly devient centrale. Elle s’oppose au concept de Mind-wandering selon lequel notre pensée est sans cesse divisée entre plusieurs sujets.  

Les points de vue des experts

Selon Julia de Funés (philosophe), on ne peut pas parler de bonheur au travail car le bonheur est du ressors du privé. Ce concept serait une « hypocrisie managériale ». En effet, il est impossible de gérer le bonheur des autres étant donné qu’il est indéfinissable, subjectif. De plus le bonheur est un état passager qui dépend d’autres personnes que celles du contexte professionnel. On observe une corrélation directe surprenante entre l’accroissement du thème du bonheur en entreprise et l’augmentation des risques socio-professionnels. Cela témoigne d’une inefficacité des moyens mis en place. Nicolas Bouzou (financier), précise lui que l’augmentation de l’intérêt en entreprise pour cette thématique est liée à un manque d’implication des salariés. Un salarié heureux est un salarié motivé et efficace. Pourtant, selon M. Bouzou, ce concept n’est qu’une idée non-appliquée qu’utilisent les employeurs pour faire rêver leurs employés.  

Solutions

Ils proposent comme solution plus d’autonomie pour le salarié ainsi qu’une suppression des « moments inutiles » (réunions, powerpoint…). Cela serait plus utile à l’augmentation du bonheur que la mise en place de moyens ergonomiques. Les médiations mises en place apportent un divertissement mais ne permettent pas un travail en profondeur. Les Chief Happiness Officers vont améliorer le bien-être mais ne traitent pas forcément les causes de mal-être, le cas échéant. Les entreprises ne possédant pas d’objectif, les dirigeants se doivent de donner du sens aux emplois des collaborateurs dans le but d’augmenter le bien-être. La part d’employés désengagés serait une conséquence du management contemporain. Il ne s’agit pas d’en vouloir aux managers ni aux dirigeants. Mais à la tyrannie de la bureaucratie (trop de process et de complexité). Le problème n’étant pas l’autorité des managers, car au sens étymologique l’autorité vise à faire progresser. Il faut néanmoins une bonne autorité. Enfin, ils proposent d’oser dire ce que l’on estime inutile, ce qui ne va pas et ce qu’on peut améliorer et changer.   Pour retrouver l’article original de Fabien Soyez de Courrier Cadres : http://courriercadres.com/management/conduite-du-changement/le-bonheur-au-travail-une-arnaque-intellectuelle-05102018