Comment se porte le parc nucléaire français à l’heure actuelle ? Quels sont les projets d’avenir envisagés au sein de l’industrie ? Nous faisons le point sur les défis, enjeux et projets d’avenir au sein du parc nucléaire français.  

Comment se porte le parc nucléaire français à l’heure actuelle ?

Avec 3 000 entreprises et 220 000 salariés, l’énergie nucléaire est un secteur majeur de l’industrie du pays. Il s’agit en effet de la troisième filière industrielle de l’Hexagone et de la première source de consommation et de production d’électricité à l’échelle nationale.  Actuellement, le parc électronucléaire français se compose de 56 réacteurs à eau pressurisée de génération 2 (plus communément appelés “réacteurs EPR” ou “ERP” -European Pressurized water Reactor). Les niveaux de puissance de ces réacteurs nucléaires varient de 900 MW (équivalents à la consommation d’électricité de 400 000 foyers environ) à 1 450 MW. Ces installations nucléaires sont implantées sur tout le territoire. 

Quel est le nombre de centrales nucléaires en France en 2022 ? 

On compte 18 centrales nucléaires dans tout l’Hexagone en 2022 depuis l’arrêt du site nucléaire de Fessenheim, dont les réacteurs sont en cours de démantèlement.

Quel est l’emplacement des centrales nucléaires en France ?

Voici la liste des centrales nucléaires en France et leur emplacement :
  • Gravelines, 
  • Penly, 
  • Paluel, 
  • Flamanville (les ERP de Flamanville sont répartis sur deux centrales nucléaires différentes - en 2022, quatre nouveaux générateurs de vapeur ont été installés dans l’un des réacteurs),
  • Chooz, 
  • Cattenom, 
  • Saint-Laurent-des-Eaux, 
  • Dampierre, 
  • Nogent-sur-Seine, 
  • Chinon, 
  • Belleville-sur-Loire, 
  • Civaux, 
  • Blayais, 
  • Bugey, 
  • Saint-Alban, 
  • Cruas, 
  • Tricastin, 
  • Golfech.
  Voici la carte des centrales nucléaires en France en 2022 :    En 2019, la grande majorité de la production d’électricité nucléaire du pays (80 %) était générée par 4 régions : l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand Est, le Centre val-de-Loire et la Normandie.  Le parc nucléaire français était, en 2018, le deuxième parc nucléaire le plus important au monde, après les États-Unis et devant la Chine.   (Source : EDF - Le nucléaire en chiffres)

Quels sont les différents types de réacteurs utilisés dans le parc nucléaire français ?

En fonction du type de combustible utilisé, on peut classer les réacteurs nucléaires en 5 grandes catégories : 
  • le réacteur à eau pressurisée (ou réacteur REP) : tous les réacteurs de France destinés à produire de l’électricité sont des REP, à l’exception du réacteur de recherche nucléaire Phénix, exploité par le CEA et par EDF et mis en arrêt en 2009.
  • le réacteur à eau bouillante (ou REB) : l’eau est caloporteur mais n’est pas pressurisée. 22 % des réacteurs au monde sont de type REB.
  • le réacteur à eau lourde 
  • le réacteur à neutrons rapides (ou RNR) : le combustible est de l’uranium enrichi et du plutonium. 
  • le réacteur à caloporteur gaz (RCG) : l’hélium est le caloporteur et il alimente la turbine.

Les défis du nucléaire en 2022

Malgré le dynamisme de la filière, le parc nucléaire français fait actuellement face à une situation complexe. En effet, depuis fin avril 2022, près de la moitié des réacteurs du parc français sont à l’arrêt (on compte seulement 27 réacteurs en service actuellement). C’est un record historique dans l’industrie. La plupart de ces suspensions étaient programmées de longue date, dans le cadre de travaux de maintenance. Ces travaux ont été retardés à cause du Covid et l’arrêt des réacteurs a, pour certains, été prolongé à cause d’anomalies détectées (corrosion des tuyauteries, vieillissement, problèmes techniques…). Une visite décennale, avec arrêt complet des réacteurs nucléaires est par ailleurs nécessaire pour effectuer des vérifications d’usage et pour changer une partie du combustible. Il y a donc aujourd’hui un certain nombre d’incertitudes concernant la capacité à assurer la production d’électricité cet hiver. La filière a également souffert à de nombreuses reprises d’une pénurie de talents qualifiés sur certains métiers et secteurs en tension. En outre, la part du nucléaire en France en 2021 correspondait à 67 % de la production d’électricité totale du pays (c’est le taux le plus faible depuis 1985).   

Quels projets d’avenir pour le parc nucléaire français ?

Un projet d’envergure a été annoncé au début de l’année par Emmanuel Macron. En effet, le 10 février 2022, le chef de l’État faisait part de son plan de relance du nucléaire civil dans le but d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Il annonçait notamment la construction d’un nouveau parc nucléaire composé de 6 nouveaux réacteurs EPR. Il est prévu que le chantier commence en 2023 et que le parc soit mis en service d’ici à 2035. Ces différentes installations nucléaires seront réparties entre différents sites nucléaires à Penly, Gravelines, Bugey ou Tricastin.  Dans le cadre de ce projet, EDF va ouvrir 3 000 nouveaux postes d’ici 2022.  Pour en savoir plus sur le sujet, consultez notre article : "Spie, EDF, Bouygues, Engie, Orano (ex- Areva) : 5 entreprises du nucléaire en quête de talents". En outre, le Président de la République a lancé un appel à projets en vue de la construction de 8 PR2 additionnels.  Un autre projet, moins récent, a été engagé en 2014 par EDF : le Grand Carénage. Ce programme industriel vise à rénover et à moderniser des centrales nucléaires déjà existantes. Ce projet prévoit notamment, d'ici 2025, de rénover ou de remplacer les gros composants en fin de vie, d’améliorer la sûreté des installations, la gestion des déchets radioactifs, d’assurer la performance de l’exploitation des réacteurs, et de prolonger leur pérennité, au-delà de 40 ans.   Cela répond à la volonté du gouvernement de ne plus arrêter les centrales nucléaires en état de générer de la production au bout de 40 ans (après cette durée, le démantèlement des réacteurs est ordinairement prévu - il faut savoir que l’âge du parc nucléaire français serait d’en moyenne 34 ans). Le but est notamment de répondre à la hausse des demandes et des besoins en électricité. En 2021, l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) a autorisé la poursuite de la mise en service des réacteurs actuels, vieux de 40 à 50 ans.  Pour en savoir plus sur l’avenir du nucléaire, consultez l’étude du SFEN (Société Française d’Energie Nucléaire) « Scénarios 2050 - Étude de la contribution du parc nucléaire français à la transition énergétique européenne ».