À l’heure où les grèves durent six semaines, et où les bébés voient le jour dans les RER, ceux qui sont nés au cours du dernier millénaire sont invariablement en perte de repères.
De la durabilité des produits manufacturés que l’on achète à l’authenticité des denrées alimentaires que l’on nous propose, rien n’est plus pareil.
Les modèles du marketing management vieillissent et doivent se réinventer, ou mourir. La pyramide de Maslow a gagné deux étages et marche sur la tête, l’analyse SWOT est systématiquement déséquilibrée, le SMART ne donne plus d’objectifs pertinents et les 4P sont devenus SAVE, ou 4E, devant la nouvelle façon de fabriquer, de distribuer et de consommer.
Le seul qui semble encore tenir la barre est le principe de Pareto qui ne se soumet pas aux lois du temps qui passe et reste lisse, fort et droit.
Pour rappel, les 4P de Philip Kotler formaient les 4 variables du mix marketing d’un produit : Product, Place, Price, Promotion.
Kotler lui-même s’est donné comme mission de rajouter deux P dans les années 80 (Public opinion et Political power), puis on a monté ce chiffre à 10P avec Packaging, People, Process et Physical Evidence. Les 4P devinrent une usine à gaz, passant de 12 à 100 variables.
Avec l’avènement du digital, le commerce est devenu de plus en plus rapide, dématérialisé, paresseux (pour l’acheteur), technologique, volatile.
Richard Ettenson repense alors les 4P en SAVE, où Produit devient Solution, Place devient Accès, Prix devient Valeur et Promotion devient Education.
Robert Leuterborn, lui, a rebaptisé les 4P en 4C : Customer, Cost, Convenience, Communication.
Un think tank organisé par Adobe et nommé TheFuture of Experience Business a été plus loin encore. Selon ce groupe, «Le marketing est une discipline dépassée. Et c’est tout. »
Cette affirmation vient en réponse à la question suivante : Quel est le rôle du marketing dans l’économie de l’expérience client, là où il ne suffit plus de vendre un produit ? »
Nandini Nayak, Directeur Général du Design Strategy chez Fjord (Accenture) dit ceci : “Le client ne veut plus vous acheter votre produit, il veut une expérience et de l’engagement avec la marque. Le produit est la somme des expériences ».
Selon les postulats de ce think tank et bien d’autres, et dans la ligne simpliste des 4P, les P deviennent des E sous la formule développée par Brian Fetherstonhaugh, de Ogilvy&Mather, où tout est fondé sur l’expérience du client.
C’est le temps du commerce selon les 4E : Experience, Exchange, Evangelism, Everyplace.
- Experience (en remplacement de Product)
- Exchange (remplace Price)
- Evangelism (remplace Promotion)
- Everyplace (remplace Place)